Entre deux
Tu attends l'impulsion magique
rare comme un secret,
l'intrusion électrique
comme un éclair trop vrai pour y froisser ta vie,
papier si fin,
et briser ce miroir qui ne reflète rien.
Tes rêves escamotés
rendus méconnaissables,
dans le creux de ta main
s'écoulent en grains de sable.
S'ils forment une dune
tu devras la gravir,
ultime rempart,
plonger dans l'inconstance
bien loin des certitudes,
mettre le feu aux masques
et de tout, t'affranchir.
Mais la vérité nue ne nourrie pas ton âme,
ne te satisfait pas.
Alors tu la triture, la chiffonne, l'abîme.
Tu agites tes doigts entre les lignes,
ça y est. Ton bloc débloque.
Toi tu croque
et tu note des lettres entremêlées.
Tu jette des idées entre l'art et le vrai,
puisque l'art c'est le vrai que l'on a malmené
pour en tirer du beau,
pour y survivre,
pour se hisser plus haut.
Entre foudre et tonnerre
les yeux ouverts au monde,
carapace à l'envers
tu cueille de nuages,
des petits bouts d'ailleurs qui n'est jamais qu'ici,
dans l'oeil d'une tornade,
loin des discours trop sages de l'enfance déchue,
au plus près de l'orage et des anges déçus.
Tu voyage léger loin des idées reçues.
Exit, les sentiers battus sont des sentiers vaincus,
à éviter.
Tu goûte l'essentielle essence
et ne sais plus vraiment
qui de toi ou du monde
est en l'un ou en l'autre.
Tu invente.
Tu t'invente au fur et à mesure.
Comme le présent inconnaissable,
tu n'es à chaque instant
que l'annonce du vent.
Tu nais à chaque instant
et tu meurs sur le champ.
Kayou
2012